La place publique de Vaterbaum

Nous nous sommes donné.es rendez-vous sur la place publique de Vaterbaum pour la grande fête. C’est l’occasion de nous rencontrer, de discuter et d’échanger.

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Solen est assis à l’ombre d’un cerisier en fleur, cet extraordinaire moment du printemps, c’est jour de fête, les préparatifs vont bon train. On aménage l’Agora dans le but d’y jouer la tragédie de ce soir, une œuvre improvisée par les citoyen.nes de la contrée intitulée Le théâtre de la faune et de la flore.


Le dos toujours contre le Vaterbaum, son sac serré contre lui dans son sommeil, Aloys inspire profondément avant d’ouvrir les yeux. Un fin sourire naît sur ses lèvres alors qu’il se laisse envahir par les sensations du monde qui l’entoure: ses vêtements humides qui lui collent légèrement à la peau, le brouhaha de la foule qui prépare la fête, l’air frais du printemps, le mélange des odeurs printanières chassant ce qui reste de l’hiver…

Il se lève, s’étire, puis décide d’aller se mêler aux gens préparant l’Agora, de l’autre côté de la ligne de cerisiers bordant le cœur du parc de l’Arbre. Peut-être pourra-t-il les aider, il n’en ait pas trop certain. Son talent manuel reste limité et la technologie moderne rend inutile la force de ses bras. Solen est assis au pied de l’un des cerisiers, lui aussi, observant leurs compatriotes. Aloys lui sourit, puis incline la tête pour le saluer.

«Ce n’est pas votre première visite à Vaterbaum, je crois bien vous avoir vu au marché ces dernières années.» Ils échangent quelques mots, toute cette joie sur les visages en dit long. Une paruline azurée avec ses petites stries noires et blanches sur fond bleu passe près d’eux.

[…]

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Avatar 1 est en coulisse, et s’exerce avec le reste de la troupe pour la représentation de ce soir. Il est nerveux. Il faut dire qu’il n’est qu’un buisson; disons qu’il n’a pas dégoté le plus prestigieux des rôles. Néanmoins, il n’est pas n’importe lequel des arbrisseaux : il joue l’impatiente du cap (Impatiens capensis), une espèce indigène emblématique de l’environnement urbano-forestier de Vaterbaum. D’ailleurs on la retrouve disséminée sporadiquement, un peu partout sur le pourtour de l’Arbre-mère enraciné au centre de la place Vaterbaum. Son personnage a comme fonction de la symboliser; Avatar 1 doit incarner cet habitant de l’utopie, et par le langage de la gestuelle, rendre sensible à l’auditoire la personnalité de la plante. C’est que l’impatiente du cap a cette particularité que ses fruits éclatent aux moindres contacts, projetant de ce fait ses graines à la ronde; cela lui a valu que les vaterbaumois.es reconnaissent son individualité bien à elle, parmi le reste des végétaux qui pullulent parmi la forêt urbaine.

Ainsi, malgré son statut de buisson, il est tout de même nerveux. Ce soir, on allait interpréter sur scène la tragédie qui mena à la constitution de notre communauté tel qu’on la connait aujourd’hui; on reproduira les étapes marquantes de la Grande Transition. Bien sûr ce sera qu’une reconstitution, avec quelques retouches dramatiques, de la trame historique réelle qui mena l’humanité à cet état des choses. Mais l’événement a la fonction de perpétuer une certaine mémoire collective du passée. On y relate symboliquement l’enchainement des péripéties ayant conduit à la genèse de la sensibilité qui caractérise notre manière de vivre ; on y narre les héros et les entités, les adjuvants et les opposants; c’est un peu comme dans les sociétés traditionnelles et dans la Grèce antique: on y racontait les mythes d’une communauté, on représentait un passée originel dans le présent. La pièces de théâtre est une cérémonie parmi le culte plus large de la religion du néo-Tellurisme. C’est l’expression de notre culture, de nos valeurs, et de notre rapport avec la nature…

Depuis la matinée qu’il était là, à ressasser inlassablement ses « répliques ». Mais, maintenant, pourtant à quelques heures de la grande mise en scène, c’en était trop! Il a besoin d’une pause. Il se dirige donc vers un cerisier, esquivant chemin faisant deux ou trois impatientes du cap. De là, il regarda autour de lui. Les autres acteurs sont, pour la plupart, obsédés à répéter les moindres interactions entre leur personnage, à susciter mainte et mainte fois la même émotion, exécuter la même attitude, afin que leur personnalité attitrée ne soit plus feinte, mais qu’elle se crédibilise; comme s’il s’agit de devenir leur personnage, de s’approprier intimement, par cet entrainement répété, la manière d’être en question. Et c’est alors qu’il constate qu’il y a déjà foule. Voilà des mois qu’on parlait de cette fameuse fête annuelle. Déjà, on s’agglutinait jovialement dans le parc; certains étaient venus pour aider à faire les préparatifs; d’autres, simplement pour voir du monde. L’atmosphère du parc, ainsi bondé lui imprima une sensation de frénésie; ce qui ne le surprit pas : c’était toujours comme ça, à cette période de l’année.

Il jeta un regard à ceux qui prenaient place devant la scène, en plein milieu d’une talle d’impatientes du cap. Bien qu’on en écrasât quelques-unes, on veillait à na pas se laisser choir inconsciencieusement sur les jeunes pousses, car ce n’était pas encore la saison de la reproduction; on tenait à la prospérité de cette favorite après tout!  Avatar 1 sentit un regain d’amour-propre, lui à qui on a confié la tâche de symboliser un si noble végétal. Il restât là, à contempler la scène, un moment… si bien qu’il en oublia presque de se préparer pour la soirée. Ce furent les ébruitements du système de son qui l’extirpèrent de sa distraction.

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« TCHIK! TICKITIT! POU! ». Puis un orateur pris la parole. « Quoi! Est-ce déjà l’heure? Mais où étais-je donc tout ce temps? Vite! Je dois aller me vêtir de mon costume!» Mais heureusement pour lui, cela faisait partie des préparatifs; à peine 15 minutes étaient passées pendant qu’il se trouvait dans la lune. Soulagé, il vint à s’asseoir au pied du cerisier auquel il était demeuré tout ce temps adossé. Puis il aperçut Aloys qui, avenant comme à l’habitude, le salut de loin. « Un peu de sociabilisation m’enlèverait peut-être mon trac après tout » se dit-il à lui-même. Il se relève et se dirige vers Aloys qui, absorbé par l’ambiance, l’a déjà oublié…

« Aloys s’installe sur une chaise alors qu’un orateur commence à parler, attendant presque avec impatience le fascinant spectacle qui sera joué sur scène. À chaque année c’est la même chose, pas qu’il s’en plaigne; en toute honnêteté, Aloys en est encore à décoder la signification de cet événement après cinq ans. C’est à peine s’il remarque le buisson s’approchant de lui… »

En se rapprochant de Aloys, Avatar 1 lui dit encore distant : « Tu as réussi à te libérer malgré ta thèse de doctorat qui stagne, Écosociété moderne : analyse des influences éco-anarchistes des derniers siècles sur la société actuelle et sur la mouvance écologiste en milieu urbain ? Il faut dire que t’avais pas vraiment le choix… T’imagine l’outrance des commères si elles avaient découvert qu’on manque la cérémonie pour de telles pacotilles? Et ça va sans dire tout le reste de la communauté qui aurait été vraiment attristée de voir notre village se désagréger ainsi. Il ne faut pas seulement étudier l’éco-anarchie, il faut aussi la vivre pendant qu’elle est là! Qu’en dis-tu? Non! ne répond pas, ce n’était pas vraiment une question. »

Avatar 1 était maintenant juste à côté de Aloys; il arrête de marcher. Il enchaine: « Parce que ce n’est pas ce qui m’intéresse au fond: dis moi, es-tu finalement parvenu à donner un sens à la pièce de théâtre? Tu dois bien être le seul qui n’a pas encore sa petite idée de ce dont il s’agit. On en avait parlé justement l’année dernière; tu t’en souviens? Je crois que ce n’est pas ta capacité de compréhension qui est en jeu; tu comprends tout tout de suite d’habitude! C’est peut-être ce qui fait que tu es au doctorat et que j’en suis à faire le buisson d’ailleurs… Mais encore! Qu’est-ce qui peut bien apparaitre dans ta tête lorsque tu est témoins de cette histoire que tu connais par cœur depuis si longtemps? Ce ne peut tout de même pas être le néant!? »

Aloys hausse les épaules, souriant légèrement. « Toujours aussi philosophe à ce que je vois… Honnêtement? Je n’en sais rien. Je ne viens pas d’ici. C’est à peine si on parle de ces histoires par chez moi: les gens sont trop occupés à finir de reconstruire. » Il marque une pause. « En fait, tout ça ne sert qu’à se créer un mythe, non? À justifier notre existence en dépeignant nos erreurs et nos souffrances passées comme des étapes nécessaires pour en arriver à un état vu comme le… le pinacle, si tu veux bien me pardonner l’expression, de ce que devrait être une société. Vous vous revendiquez d’un héritage glorieux et révolutionnaire, d’ancêtres -si vos grands-parents ne se sentent pas trop insultés par ce terme- ayant survécu au pire et tout ça, » il englobe l’agora d’un geste vague, « c’est votre manière de ne pas oublier, un Yom Hashoah contemporain d’une sorte… sauf qu’au lieu d’un génocide, c’est une pseudo-apocalypse planétaire. »

Aloys se tourne vers Avatar 1: « Donc ma théorie cette année c’est que la pièce représente un récit fondateur, à la manière des tragédies de l’antiquité. Est-ce que je me trompe? »

Avatar 1: Seul un fou voudrait contredire ça! C’est aussi globalement ce que j’avais en tête: un rite qui perpétue les mythes fondateurs et les croyances de Vaterbaum… Mais, il me semble que c’est plus que ça. Parce qu’à chaque années différents comédiens et différentes comédiennes jouent divers rôles, et le récit n’est jamais vraiment le même suivant la façon dont on l’interprète au moment d’entrer sur scène. J’ai, par exemple, l’espoir de rendre l’impatiente du cap bien plus émotive cette année; l’acteur de l’année passée la jouait comme si elle avait une attitude… végétative; mais tout le monde sait bien qu’elle est explosive! En tout cas… Moi j’y vois plus une actualisation de la manière dont une collectivité comprend son histoire. On peut faire dire ce qu’on veut à une même histoire. En tout cas, cette année, il devrait être question de la façon dont notre communauté est devenue ce qu’elle est en imitant la sagesse des animaux, par bio-mimétisme (comme dirait Solen). Mais en fait je ne devrais pas parler tout de suite du sens que je donne à la pièce, parce que cela n’est pas encore figé tant quelle ne s’est pas déroulée. Bon aller! Je retourne en coulisse. N’oublie pas de répondre en cœur avec le reste de l’auditoire quand ce sera à vous !

***

Solen écoutait distraitement la discussion d’Avatar 1 et d’Aloys parce qu’il portait attention aux informations lui parvenant à même son implant cochléaire. Il se déconnecta et s’approcha.

Le parfum des Tilleuls d’Amérique dans l’air, l’assiette qu’on poussa devant lui remplie de fleurs et de plantes comestibles, tout l’interpellait en réalité. Comme ce jour de fête avait été attendu!

«Ces mythes ont leur importance dit-il car ils sont à la fois science et poésie. Mais ce qui peut paraître bizarre aux yeux des étrangers et des visiteurs qui se sont joints à la fête du mois de mai c’est le fait que nos révolutionnaires et nos héros, dans les mythes de la Grande Transition sont des plantes et des animaux. Ce sont eux nos véritables ancêtres. Vous connaissez-déjà l’attention que nous portons à l’Impatiente du cap et au Renard Roux n’est-ce pas? Le Renard Roux est le héros de la déclôture et de la dé-privatisation de la terre, de l’eau, de l’air et du feu comme de toute énergie qui découlent des forces naturelles.»

Solen a un petit ton professoral qui lui vient d’habitudes toutes imprégnées de ses recherches sur les passions de la Maison écologique, il faut lui pardonner.

«L’effort d’objectivation scientifique de l’Âge Moderne a bien eu pour effet de nous amener à faire d’incroyables inventions sur le plan technologique mais cette manière de penser a aussi eu pour effet de détruire la partie subjective de notre rapport au vivant. Or c’est la faune et la flore qui a sauvé notre petite communauté en favorisant la reconstruction de la sensibilité humaine pour montrer la voie vers d’autres manières de penser et sentir. C’est littéralement que nous avons été sauvé par les plantes et les animaux… qu’il n’y ait pas d’ambiguïté ici, la terre était dans un tel état de désolation qu’il a bien fallu que les humains laissent la faune et la flore reprendre leurs droits. Or c’est bien là une raison suffisante et nécessaire pour que nous ayons appris à vénérer et respecter la Nature mais surtout appris à en tirer toutes les connaissances qu’offre l’éco-existence. Nous parlons maintenant de l’Âge Symbiotique. Nous apprécions toujours les sciences objectives et la technologie mais la valeur de ces recherches a peu à voir maintenant avec celles issues du bio-mimétisme, de l’art et l’expérience du vivant, ce sont nos efforts de symbiose qui déterminent notre éthique et le néo-tellurisme qui anime nos expériences religieuses.»

[…]

Sur scène les héros sont des plantes et des animaux, c’est ce que raconte l’histoire de la Révolution menant à la Grande Transition. Nos visiteurs ne comprennent guère car les principes de l’éco-existence ne s’acquiert pas si facilement.

Je me demande bien qui jouera Renard Roux cette année? Est-ce que Petit Pin fera aussi son entrée? Arbre mère? Avons nous quelques nouvelles de Fêve, sa prestation de l’année dernière est demeurée mémorable. C’est à peine si nous avons encore peur de la mort tant c’était éco-logique. Vous a-t-on raconté les histoires de résistance politique du lichens, cet anarchiste?

[…]

***

Lena observa cette réunion imminente en gardant quelques mètres de distance. Un petit sourire coquin frisa les coins de ses lèvres, quelques souvenirs du passé lui passant par la tête, mais elle ramena enfin son regard sur son délicat ouvrage. Une fine pluie de retailles de papier de bamboo parsema les pierres à ses pieds et le beau bois poli du banc. Elle confectionne de ses petites mains emmitouflées un flocon de neige, pratique courante du néo-Tellurisme. Après maintes modifications et retouches, elle déplia enfin le petit triangle couleur crème et observa son fragile motif.

Satisfaite, Lena l’accroche à une branche basse du Vaterbaum à l’aide d’une ficelle. Son flocon danse dans la brise fraîche de la soirée, entourée d’une multitude d’autres flocons tous aussi délicat que celui de Lena. Il y en a qui portent des phrases et des noms inscrits habilement dans les arêtes, destinés aux esprits de l’au-delà, probablement des membres de leur famille qui ne sont plus des nôtres. Celui de Lena est nu. Elle sort de son sac un petit éventail et ramasse les vestiges de sa création. Elle pourra en faire une toute nouvelle feuille grâce à sa petite presse manuelle qui broie, met en pâte, écrase et sèche les résidus de papier pour y redonner vie. Une fois les retailles bien ramassées, Lena se rassoie, émue que tant de gens se prêtent encore à cette tradition. La nuée de flocons, petits et grands, flottants au vent, lui redonnent espoir car elle n’est peut être pas si ancienne que ça. Mais son petit moment est interrompu, quelqu’un vient s’assoir à ses côtés …

Pénélope : C’est vraiment l’une de mes périodes préférées de l’année, pas seulement pour faire une critique de la pièce de théâtre pour le blog, mais c’est dans une célébration comme celle-ci que l’on remarque comment les temps ont changé depuis la Grande Transition. Fini les millions de déchets notamment causés par l’énorme utilisation du plastique (ce composant qui en a fait des ravages durant les décennies avant notre ère). Il ne faudrait pas oublier que les presses manuelles de papier, comme celle de Lena, ne sont là que depuis une trentaine d’années. Non seulement nos arrières grands-parents consommaient énormément de plastique, mais leur conscience écologique méritait un changement… Dans les marchés, les viandes ne coûtaient que très peu, comparativement à maintenant. Il a fallu augmenter les prix pour diminuer la consommation et le tofu est devenu à la mode.

Bon! Je vais aller voir Lena, ça fait longtemps qu’on s’est vu… j’adore sa façon de voir la religion, j’aimerais en savoir davantage sur ses origines qui me sont encore pas si claires.»

Lena reconnu sans tarder le visage de son amie Pénélope et son sourire redoubla. Après avoir échangé les plaisanteries, les nouvelles de la semaine, la météo qui demeure imprévisible peu importe les avancements technologiques (elles partagèrent une petite plaisanterie au dépens des scientifiques, quoiqu’ils savent mieux prédire les mouvements de galaxies éloignées que le risque d’averse de la semaine prochaine ici sur Terre). Il semblerait que cette tradition de banalités polies reste toujours bien ancrée dans la société humaine. Enfin, Pénélope entama le sujet de la célébration et de son histoire. Lena, soulagée de pouvoir en parler à quelqu’un en chair et en os au lieu du petit Dictaphone qui subit ses radotements à l’hebdo.

Lena partagea avec Pénélope son enthousiasme à la vue de tant de gens célébrant la grande fête, un enthousiasme partagée par la blogueuse. Lena élabora.

Par contre, ma chère, je serais bien surprise si un seul de ces jeunes peut me donner le nom propre de cette tradition sacrée. Nous les humains avons des mémoires fautives, je trouve, et nous avons la déplorable habitude d’oublier le passé en voulant monter en flèche vers le futur. Mais de plus en plus j’arrive à accepter les choses comme elles sont. Ce vice existe, certes, mais nous arrivons toujours à trouver la spiritualité dans les petites choses. Voilà peut être pourquoi nous sommes si bien parti vers un monde, comment dire, idéal.

Elle prit un moment pour se lever et cogner de son petit poing noueux le large tronc sinueux du Vaterbaum, puis se rassit.

Le néo-Tellurisme m’as appris l’importance de la vie, mais aussi son poids. En développant un intellect plus pointu pour déjouer les prédateurs de la savane et les membres d’autres familles d’hominidés, les humains ont découverts, je dirais même inventés, les vices et vilenies qui nous ont presque détruits; la haine, l’avarice, la jalousie, l’orgueil, la vanité, pour n’en nommer que quelques uns. Dès ce moment, l’humain s’opposa à la Nature. Un conflit quasi-mythologique qui réclama un taux incompréhensible de vies, et de vie. Quelle souillure exécrable sur notre parcours. Une fois notre soif de sang repue, nous sommes retombés en bonne grâce avec notre mère. Une leçon importante du néo-Tellurisme dicte que nous ne devons pas nous considérer autre que les Renards Roux et les Impatientes du cap, puisque nous partageons une origine singulière et un foyer collectif.

Cette irrévérence antérieure figure un moment où nous ne voulions pas admettre ces faits, soit par égoïsme ou par simple ignorance. Tout de même, elle laisse ses marques. N’oublions pas l’equus quagga quagga, qui disparu de son habitat naturel en Afrique du Sud en raison d’une surchasse, le thylacinus cynocephalus, qui fut victime d’une chasse aux primes an Tasmanie et l’inia geoffrensis, qui en 2021 était à risque d’extinction totale grâce à la surpêche et à la pollution des cours d’eau, et qui sombra lui aussi dans la disparition.

Le silence régna lorsque Lena se tut, les deux femmes plongées chacune dans leur réflexion.

***

Laure arriva, son grand panier à la main ayant l’air un peu en panique. Chaque année, elle préparait quelques desserts traditionnels pour cette occasion spéciale. Elle n’avait pas vu le temps passé et au moment où elle s’était aperçue qu’il ne restait pas longtemps avant le début de la pièce de théâtre, elle avait marché le plus rapidement possible. Son vieil âge compliquait les choses, sa respiration était haletante et elle avait grandement besoin de s’hydrater. Elle se dirigea donc vers la table de buffet, pour prendre un verre de limonade fraichement pressée et déposer ses desserts pour que tous puissent goûter aux délices qu’elle avait préparés. Ce sont des recettes qui lui avaient été passées à travers les générations de sa famille, elles provenaient d’avant même La Transition ! Elle se servit un grand verre de boisson afin de relaxer et emplir son esprit des joyeuses festivités. Elle alla s’installer parmi les autres sur une petite table et observa son entourage en attendant le spectacle.

Pénélope : J’ai toujours de la difficulté à imaginer le monde d’Avant. Cette célébration me plonge dans plusieurs émotions. Les paroles de Lena m’ont touchées, comme d’habitude. Comment mes grands-parents ont survécu à ce changement de mode vie? L’humain a subi une métamorphose. L’humain a dû croire en l’humanité, mais sans la penser supérieure à ce qui l’entoure. Il a cru être possesseur de la Nature, mais il ne l’était pas et aurait dû réaliser plus rapidement sa défaite. Il fallait qu’il apprenne à vivre avec son environnement et le respecter. Lena a souligné quelque chose d’important : « le foyer collectif ». L’humain a pris longtemps à réaliser qu’il n’était pas le seul à vivre et à respirer. J’en parlerai dans le blog…

***

Que penser de la vie communautaire à Vaterbaum? De l’idée du «foyer collectif», de ce lien quasi religieux avec la faune et la flore. L’anthropomorphisme assumé, le bio-mimétisme? Le retour d’un théâtre tragique et citoyen appuyé sur la réécriture de mythes? L’air de rien, plusieurs idées sont ici mises en scène.

Qu’en pensent les visiteurs? Vos commentaires sont les bienvenus car …

8 Comments

  1. Tabllionem est arrivé à la place publique (j’ajouterai le texte au plus tard demain). Pourtant, j’ai déjà décidé sa première interaction qui est le passage discret de la lettre à Solen – disponible sur ma page.

  2. Je crois que nous tenons un bon filon ici original et très intéressant par quoi, en plus, il y a place pour l’humour. L’idée du buisson sur scène fait son chemin, j’ai l’impression que si les héros de la révolution ayant sauvé l’humanité étaient des plantes et des animaux nous aurions un véritable changement de paradigme. Pas banal! Qu’en pensez-vous?

  3. Nous pourrions imaginer que pendant cette journée de fête les utopien.nes mangent. Il me semble qu’un festin serait le bienvenu. Mais surtout qu’une réflexion sur la nourriture renvoie directement aux questions écologiques ainsi qu’à notre conception de la nature et du vivant. L’impatiente du cap est comestible ah! ah! Qu’est-ce que vous pensez de cette idée?

    1. J’aime bien! Je me demandais aussi si c’était correct ai j’ai fait jn article relié à l’événement et à la discussion qui semble être sur le point de se produire entre avatar 1 et aloys? Je voulais pas « clogger » la page et je me suis dit qu’on pourrait trouver moyen de le mettre en lien et d’avoir toutes les differents discussions sur la place en myriade d’articles comme ça? Je sais pas trop ce que tout le monde en pense…

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