Les Radotements d’une Fossile

Épisode n

*clic

Bonsoir à tous et à toutes.

Bienvenu, ou re-bienvenu au podcast, merci de votre soutien éternel et préparez-vous à du stock lourd cette semaine, comme toujours.

Le néo-Tellurisme ne veut plus rien dire à ceux qui vivent aujourd’hui. Ce n’est qu’une ombre du passé spirituel et mythico-religieux de l’être humain, tout comme le bouddhisme ou l’islam. Parfois je me retrouve moi-même à songer si je ne suis qu’une relique toute aussi dépassée que ces théologies. Je me sens isolée et détachée du reste du monde, comme une américaine désorientée déambulant dans le cœur de Tokyo, avant la Grande Unification, bien sûr ; maintenant les barrières de langue sont toute aussi démodées que les voitures Studebaker et AMC.. haha …

*malaise

Je n’ai pas choisi de vivre en ermite, mais que feriez-vous à ma place? Ne seriez-vous autant déçue que moi quand vos voisins peuvent réciter autant de passages de la Torah que leur lézard de compagnie, 0 en bref? Ne seriez-vous autant désillusionnée que moi lorsque toutes vos dates sur Cupidon se prennent pour des athées moralisateurs mais ne deviennent que des grandes gueules insupportables par la fin de la soirée!? 

Nous voilà enfin arrivés au nerf de la guerre, l’absence totale de spiritualité que je ressens chez les gens de cette prétendue Utopie. Je comprends aussi bien que la prochaine que nous sommes arrivés ici grâce à nos technologies avancées, et je n’oserai jamais me plaindre des services dont nous bénéficions et de l’avancement de notre espèce, mais quel prix avons-nous payé en laissant mourir les traditions de nos civilisations fondatrices? 

Il y a dans le Livre de la Genèse, un mythe qui raconte les épreuves d’un peuple descendant de l’époque de Noé et du Déluge. Elle s’établit dans la contrée lointaine de Shinar, au sud de la Mésopotamie, et bâtit la Tour de Babel, un exploit de génie humain et d’effort collectif. Celle-ci s’érige à l’intention d’atteindre les cieux et le Paradis divin, interdit d’accès depuis le péché originel. En voyant son royaume menacé d’invasion, Dieu intervient en divisant le dialecte du peuple de Shinar en plusieurs différents langages, ce qui les fractionne et mène très promptement à la quasi-destruction de leur civilisation. Je ne suis pas de l’avis que cette histoire figure comme un récit édifiant pour l’être humain d’aujourd’hui, qui progresse et se projette de plus en plus loin vers un idéal d’existence qui surpasserait un jour toute divinité, mais ça fait réfléchir, non? 

Bof, j’imagine que ça ME fait réfléchir plus que tout. 

Bon euh, au programme à la semaine prochaine, à part je planifie toujours d’avance mais j’ai la maudite habitude de vociférer sans cesse et d’oublier mes notes. De toute façon, je vous raconte ce qu’est le néo-Tellurisme et pourquoi elle a sombré dans l’oubli avec le reste des religions terrestres. Nous discuterons aussi de l’Arbre et de ses représentations cosmiques et divines dans l’histoire humaine. Si je suis de bonne humeur, je vous donnerai même une petite anecdote personnelle, donc restez bien à l’affût! 

N’oubliez pas de partager cet épisode prudemment parmi vos amis et vos proches qui eux-aussi partagent nos opinions. Je me demande s’il y a un cercle d’initiés quelque part qui aimerait tisser des liens avec ma production, malgré que nous demeurons assez cachés pour l’instant. 

Grand merci à Pénélope Sanspapier, ma plus fervente abonnée, ma vieille amie … j’aurais un jour besoin d’invités à mon podcast, c’est triste se parler à soi-même.

N’oublions pas de remercier ce facteur, le mystérieux Tabllionem, qui nous remonte si bien le moral avec ses lettres, il m’intrigue et pourrais être un invité très intéressant un de ces jours, lorsqu’il désirera enfin sortir de l’ombre. Son nom me dit quelque chose … un souvenir passager des temps passés, un ancien amour peut être … j’en douterais pas.

*pause contemplative

Je suis Lena et vous écoutez Les Radotements d’une Fossile, à la semaine prochaine.

*déclic

Épisode n +1

*clic

Bonsoir à tous et à toutes. Désolé de la note un peu déprimante à la semaine passé, je tenterai de vous remonter le moral aujourd’hui avec un peu de nostalgie bien méritée. Une joyeuse surprise m’attendais ce soir à la place publique. Je sortait pour afficher mon flocon, pensant être la seule qui se rappelait de l’importance de ce jour, mais qu’elle miracle inattendu de voir une vraie foule qui célébrait, comme dans le bon vieux temps. Mon flocon avait enfin des compagnons avec qui rayonner.

Embarquons-nous dans le sujet qui nous tracasse depuis le dernier épisode, le néo-Tellurisme. Cet religion n’as pas de divinités à l’image de l’humain, comme le panthéon Grec ou la cosmogonie Hindoue. Elle révère plutôt une force unique, centrale, inépuisable qui est Nature. Elle naît non pas d’un désir de sens parmi un monde inconnu, mais de la nécessité de revenir sur ses pas et de voir d’un oeil plus critique lorsque confronté à un horizon trop certain. Elle se pratique n’importe quand et n’importe où; vénérer notre illustre Mère Nature dans un temple bâtit de planches de bois, ça serait un peu sale. Encore plus notamment, elle ne possède pas de texte sacré, sa transmission se fait de bouche en oreille. Cette transmission se fait malheureusement de moins en moins, même si elle demeure comme notion confuse dans les têtes des jeunes gens d’aujourd’hui.

Nous l’avons créée, cette religion, parce que nous en avions besoin.

Quand j’était jeune révolutionnaire, moi et mes compatriotes étions au combat contre les forces avares du capitalisme. La nature se faisait dévorer par les engins de l’état pour profiter les intérêts des plus puissants. Nous n’étions qu’une petite cellule d’éclairés, et laissez-moi vous le dire, nous avions de quoi nous plaindre. L’Ennemi n’était que trop évident, mais non moins formidable. Leurs armes: les profits, la sécurité, le contrôle des politiques, l’empoisonnement de la religion. Ils vociféraient une rhétorique de xénophobie qui exacerbe les différences et la division des peuples tout en exploitant les démunis qui n’ont nul part autre où se tourner. Telles ont toujours été les choses, jusqu’au Grand Schisme et à la Grande Transition. Nos armes pour se défendre: l’amour propre pour tout ce qui vit, l’espoir d’un demain habitable et la confiance en le bon usage des sciences. Le néo-Tellurisme a été notre dernier bastion dans la culmination de cette révolte. La faune et la flore nos martyrs et nos idoles. Le bio-mimétisme notre invocation sacrée. Le néo-Tellurisme, cette religion pure, sans hierarchies destructives, sans obstructionnisme et sans exploitation, que nous avions inventé pour rassembler sous son toit les désillusionnés, les pauvres, les peureux et ceux qui ne pouvait plus simplement rester assis face à l’avancée certaine de l’horizon noir du désespoir, elle nous a donné la force de vaincre les cochons siégeant sur leurs trônes d’ivoire et d’écaille !

*elle tousse et reprend son calme

Excusez-moi, je ne m’attendait pas à ressentir un tel emportement même plusieurs décennies après le fait.

La ‘nostalgie bien méritée’, ça, ce n’était pas très honnête Lena.

Bon, c’est ça, nous avons réussi, malgré tout.

Avec la chute glorieuse de notre Ennemi, nous observons le déclin progressif de notre entrain idéologique.

Enfin, il n’est qu’humain d’être complaisant.

À la semaine prochaine nous discuterons de l’ancienne fable, anno desperandum, qui raconte les événements de la légendaire année 2020.

Bonsoir.

*déclic

Épisode n + 2

*clic

Bonjour mesdames, messieurs et meshumains.

‘Mes zoomains’ plutôt.

Je laisse tomber le sujet de discussion planifié pour aujourd’hui, je comprend que la plaie peut sembler encore trop vive. Je vous épargnerai cette épopée pour l’instant.

Je préférerai plutôt m’attarder sur la grande joie et l’anticipation qui m’habite à l’idée de la fête qui aura lieu sous peu pour célébrer la grande transition. Il me semble que, comme mon flocon, je ne suis pas aussi seule dans mon petit monde nostalgique que l’aurai cru. Mais je ne cesse de ressentir une faille, un cisaillement, une interstice de sorte, qui me sépare des jeunes gens d’aujourd’hui.

*arrêt ambigu, puis un bruissement de feuilles

Oh mais regardez donc, deux nouvelles lettres du facteur. J’ai dû les surplomber en ramassant mon courrier.

Non.

Ce n’est pas possible..

*déclic, arrêt marqué de l’enregistrement

*clic, sanglotante

..Mon pauvre Arthur.

Comment aurai-je pu savoir la pénombre dans tes pensées ? Et Tabllionem, ton fils abandonné, quel destin lui a-tu laissé ?

Mon beau Arthur.

Quand tu nous a quitté nous te pensions un dur individuel, un loup solitaire, un désillusionné comme nous. Mais cette désillusion se propageait au sein de notre petit groupe de révolutionnaires aussi, il semble.

Tu ne pouvait plus supporter de faire face au lendemain.

Nous nous sommes décidés à te martyriser sans pleinement comprendre ce qui t’a poussé à en finir.

J’en suis désolé.

Mais comme ton fils la dit si justement, « de tous les chemins possibles dans la vie, tout le monde peut choisir la mauvaise route ».

Bonsoir à tous,

Et que la fête nous réjouisse, nous divertisse et nous instruise sur le bon chemin à prendre.

À la prochaine.

*déclic

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