Aloys Müller

Assis à son bureau, Aloys laisse son regard se perdre sur la ligne qui clignote sur la page blanche de son logiciel de traitement de texte. Cette chose qu’il ressent au fond de son être… ce vide, cette anxiété, cette frustration, cette peur du premier mot à coucher sur papier… est-ce ce que ressentent les auteurs qui disent être atteints de ce syndrome de la page blanche? Aloys ne peut retenir une moue alors qu’il se lève pour faire les cent pas dans sa petite chambre.

Un soupir.

Il jette un coup d’œil vers sa fenêtre, prend note des flocons qui s’y accumulent et retourne s’asseoir, bien trop conscient qu’il va manquer de temps s’il ne débute pas aujourd’hui. Grommelant quelques encouragements, il commence.

-Aude


Il est tard, peut-être dix ou onze heures du soir, voire même minuit. La ville est calme. Silencieuse. La vaste majorité des gens dorment depuis longtemps, mais pour Aloys, ça importe peu. Sa tête est pleine et son cœur est lourd : il lui reste une infinité de choses à faire mais très peu de temps. Son ordinateur personnel glissé dans son sac, il ferme doucement la porte derrière-lui, tentant de ne pas réveiller son colocataire. Il inspire profondément l’air frais de la nuit, porte la main à son pendentif, puis expire lentement.

La dernière lettre qu’il a reçue lui a donné à penser.

Une fois les poumons vides, Aloys attend et compte jusqu’à trois avant d’inspirer et de se mettre en route. Avec un peu de chance, la ville possèdera son propre Vaterbaum en son centre et il pourra s’y resourcer. Qui sait, l’inspiration renaîtra peut-être la vue des immenses branches du poumon de la ville?

-Aude


J’ai le dos contre l’arbre. Il fait nuit noire. J’entends le gazouillis assoupis des oiseaux cachés dans les branches dénudées du Vaterbaum. Une fine couche de neige recouvre ce qui m’entoure. Est-ce que les poètes d’ici appelaient linceul blanc? Je ne peux empêcher un sourire de naître à la commissure de mes lèvres à cette pensée.

Je pose distraitement la main sur mon sac, m’assurant qu’il est toujours à mes côtés. Il est humide, probablement en raison de la neige ayant neigée alors que j’étais assoupis, et mon ordinateur, caché à l’intérieur, est froid. Ah. Peut-être est-il abimé. Qui sait. Je ferais peut-être mieux de consulter le centre technologique plus tard. Maintenant, je veux profiter du silence et des étoiles. Je me soucierai du reste du monde demain.

-Aloys


Une esquisse de réponse.


Lieb Bruder…

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