Acte 5 – J’inspirais la terreur

Loup se lève éventuellement pour aller parler au micro.

Loup, faisant face au public : AHOUUUUUUUH! Aussi loin que je me souvienne, l’humain ne m’a jamais aimé. Au début, je lui inspirais la terreur parce que je le prenais en chasse quelques fois. Bien qu’il était un défi à chasser, il survenait parfois que sa vigilance faisait place à l’insouciance, cela juste le temps que je leur saute à la gorge, et que je dévore la moindre de leurs viscères. (Loup se lèche les babines.) Mais ces occasions se raréfièrent à mesure qu’ils s’épanouissaient, et qu’augmenta sa haine envers moi… Et la situation s’inversa… Je fini même par être plus chassé que je ne l’avais chassé! À tel point que plus personne ne me vit en Europe pendant longtemps… L’humanité devint si puissante qu’elle dominait même les dominants de la pyramide trophique; assez pour qu’elle ait le pouvoir d’accomplir ses mythes; et, en ce qui me concerne, de mettre à effet le « Loupxit »!

Loup pause et jette un regard au public.

Loup : Mais prenez garde aux vices du pouvoir… L’ébullition de votre société occidentale vous a éclaboussé son miasme enivrant au visage, et depuis, vous êtes en exaltation devant votre propre succès. De voir que vous aviez la capacité de réaliser vos idéaux, d’accomplir cette horreur que vous nommez progrès, a gonflé votre orgueil; et cette nouvelle foi en vous-même vous a conduit à espérer encore plus, plus et toujours plus. Vous êtes devenu jalousement amoureux de votre fierté, de votre pouvoir, si bien que ce que vous dénommez progrès rime maintenant avec mégalomanie. (Loup grimace, réalisant que les mots ne riment pas vraiment.) L’obsession malsaine du pouvoir ronge toutes vos autres aspirations, car elle s’arroge inéluctablement toute les ressources en tout genre pour parvenir à sa fin. Elle monopolise l’esprit, installe des œillères au sens morale, et trucide le reste des considérations. Elle est le malin déguisé en espoir, car le chemin pour atteindre cet idéal consume tout sur son passage.

Loup : Êtes-vous si emballés par cette fierté qui vous mène que vous en négligiez les écueils parsemant la voie où elle vous achemine? Même nous, nobles et simples sujets du milieu, qui ne comprenons rien à tous ces gadgets qui augmentent l’humanité, nous sommes conscients de la fin qui guette le vivant! Faites donc attention à ce que vous devez traverser pour parvenir à votre destination! On croirait un éléphant qui, pour atteindre une théière dans un magasin de porcelaine, n’aurait aucune attention pour la fragilité environnante, et saccagerait ainsi tout l’étalage. Il est clair pour le clan des loups que l’humanité s’est égarée tellement elle était folle d’elle-même. Nous pensons qu’elle a perdu de vu l’essentiel, qu’elle a oublié ce bien commun qu’est la santé du milieu derrière ses aspirations de puissance, de liberté.

Chœur Utopique : Oublié ce bien commun qu’est la santé du milieu derrière ses aspirations de puissance, de liberté!

Loup quitte pour rejoindre l’estrade, mais il croise Lion, qui s’en va le remplacer à l’avant: les deux prédateurs échangent un regard de défi; à croire que l’instinct qui pousse les chiens et les chats à la confrontation est aussi valide pour les canidés et les fauves.

2 Comments

  1. J’aime bien la formule du « loupxit »! Ce passage est le plus théorique et je me demande s’il n’est pas encore trop lourd à lire? Dàjà morceler le monologue du Loup aère le passage. Faudrait-il que je simplifie encore des phrases obscures?

    1. C’est vrai que le discours du loup pourrait être simplifié sans que nous perdions la critique du pouvoir qu’il comprend.

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