Peer Gynt: -Peux-tu dire où Peer Gynt a été depuis la dernière fois?
-Henrik Ibsen, Peer Gynt
Solveig: -…
Peer Gynt: -Portant le signe du destin sur le front. Où il a été, tout comme il surgit de la pensée de Dieu! Peux-tu me le dire? Sinon, il faut que je rentre… que je sombre aux pays brumeux.
Solveig: -Oh! Cette énigme est facile.
Peer Gynt: -Alors dis ce que tu sais! Où étais-je moi même, l’intégral, le vrai? Où étais-je le sceau de Dieu sur le front?
Solveig: -Dans ma foi, dans mon espérance et dans mon amour.
Je t’écris cette lettre, Ophélie. Il est bien tard, mais je n’arrivais pas à m’endormir. Je trace à l’encre sur quelques pages jaunies par la lueur de la bougie, mes pensées. J’ignore si j’arriverais à trouver les justes mots, car les mots ne sont pas justes. Je suis incapable de dire que je t’aime, sans en être un euphémisme. Mes pensées cherchent à t’atteindre, au delà les lieux; au delà les mers; au delà la nuit qui passe si lentement avant que je puisse sentir la douceur de ton sourire m’offrir un rayon chaleureux. Est-ce ce que tu es, ou qui que tu es, qui me pousse à être fou de toi? Je ne suis qu’incapable de séparer ton corps à ton âme. Je sens mon sang bouillir en mes veines, sans que je ne puisse rien faire pour y comprendre le sens de mes sentiments. Mes yeux ont rencontrés les tiens. Nos mots se sont échangés. Comme si l’on pouvait être un individu, tout en restant complètement différent. J’ai cru d’abord que ce fut ta beauté qui m’a attirée : une fleur qui vient de sourdre en un rêve de bonheur. Il m’arrive par croire que tout cela n’est pas rationnel. Que face à une assemblée, ce sentiment serait source de conflit, mais qu’est-ce que je m’en balance? C’est là l’amour, je crois. Un sentiment que j’ai découvert en observant des souvenirs de femmes et d’hommes à une époque bien lointaine. Jusqu’à mouvoir l’art pour le prouver, l’amour vint se frayer un passage à travers du collectif, puis vers l’individuel. Aimons-nous tous, car c’est simple. Malgré, je crois avoir un faible pour toi, Ophélie. J’ai parcouru quelques villes autours de Shinto. J’ai beaucoup voyagé avant d’arriver jusqu’à toi. Une ville vénérait la relation du sang, jusqu’à croire qu’être frère et sœur de sang était la plus grande réalité imbattable en ce monde. Cette idée est bien, les liens sont forts et bien sûr, ces liens sont impossibles à briser. Pourtant, mon amour n’est pas de cette nature, du sang partagé entre deux individus. Nous ne sommes pas liés, autre que par le fil invisible du Destin. J’ai aussi assisté à des cérémonies formidables. Des tributs qui avaient en haine le son excessivement fort. Auprès d’eux, j’ai appris que l’on se devait de vivre en harmonie, comme le son de la brise qui ne couvre aucunement le clapotis de la rivière contre ses galets. Mais même là, je n’ai su comprendre pourquoi lorsque ta voix surgit, je n’entends qu’elle. Couvrant jusqu’à mes oreille le propre son de mon cœur.
Un jour, je suis tombé sur un lieu qui m’a rendu malade. Tous semblaient comme des zombies, absorbés par des médicaments, je présume. Comment aurais-je pu ingérer ça? Je n’aurais perdu que toute conscience, et ma capacité d’être Humain. Et je me perdis ensuite. J’étais tout simplement traumatisé par ce tableau. Je me retrouvai alors à divaguer comme vagabond, à quémander espoirs à ceux qui saurait me l’offrir. Je rencontrai par hasard un homme qui courait dans la citée. Il semblait presque heureux, ça me dégoûtait. Comment pouvons-nous être heureux à n’être personne? Bien-sûr, la société est importante, et il ne faut pas être trop égoïste, mais il en reste pas des limites, tout de même?
C’est alors là, moi, Thelonious, qui décida de changer. Je n’en n’ai rien à battre de ce que les gens pensent, de ce qu’ils vivent. Avec ma plume, je chercherais à écrire ce que mes yeux voient, même si cela manque de faits concrets. Avec ma plume, j’inscrirais ce que ma peau ressent, car c’est avec mes mains que je peux sentir la douceur d’un cachemire, ou bien de la froideur de la pierre. Avec ma plume, je marquerais ce dont je peux sentir, car l’été les fleurs produisent un parfum qui me rappel ma mère, mon père, mon tertre natal. Avec ma plume, je graverais la saveur des fruits que le monde su m’offrir, car il est si merveilleux le goût de la pomme lorsqu’elle est mûre. Avec ma plume, j’offrirais au monde l’empreinte que j’ai lorsque j’entends le chant des oiseaux.
Tout cela, tout ce que je ferais avec ma plume, on s’en moque. L’amour, c’est plus que de sentir ton parfum de lilas; que d’entendre ta voix murmurer la beauté du ciel; que ta peau lisse vint flatter mon sourire éclatant; que la saveur de ton baisé que tes lèvres mielleuses laissent sur les miennes; que de simplement voir ton regard enflammé de passion. L’amour, l’amour c’est toi et moi, Ophélie. L’amour n’est pas que corporel. Il est spirituel. Il atteint la profondeur de notre âme. S’il en venait que la société se construirait autours de l’amour, alors qu’adviendra-t-il du nôtre? Tu m’es unique au monde. Tu m’es monde à ce cœur hésitant. De tout mes voyages, tu es le seul qui en vaux la peine : sincère est l’histoire qui atteint le cœur de l’écrivain, non?
Je t’offre pour cette nuit qu’un mot indécis, car la langue l’est. Mes sentiments sont combles de sincérité, plus solide que mon corps lui-même. Ophélie, soit mon rêve; mon monde; mon Utopie. Je t’aime mon amour, je t’aime.
-D’un fou,
Thelonious