Des cliquetis accompagnés de mélodies tribales pouvaient s’entendre au loin, alors que je pouvais percevoir certaines lueurs orangées qui constituaient la silhouette d’un feu qui s’imposait au centre du rituel. Je pouvais apercevoir quelques éclats de lumière accompagnés de chants qui suivaient le tempo du tambour. ‘’On casse nos masques, tout comme l’on doit casser notre lien avec notre alter ego’’, me dit le bon samaritain qui m’avait tendu une boisson qui avait comme utilité de faciliter mon corps à se battre comme le froid.
D’autres membres de la tribu vinrent me voir par la suite, pour me tendre un bol qui contenait une grande quantité de ce liquide bleu plutôt mystérieux. Le bon samaritain m’expliqua que l’on revit l’ascension de Tashia, outre que c’est la seule possibilité de laisser notre fardeau derrière.
Je regarde mon samaritain et je lui demande :
– Qu’est-ce que tu entends au juste avec ‘’fardeau’’ au juste?
– Eh bien ton fardeau… le fardeau de tes pensées, le grain de sel qu’il y a de trop sur ta conscience. – Ce n’est pas clair, quel grain de sel?
– Eh bien… Celui qui traîne sur ta pensée. C’est l’ego, oui, je crois. Je ne m’en souviens pas tant, il y a longtemps que je l’ai laissé derrière moi.
– Ouin, je commence à comprendre. Et qu’est-ce qu’il se passe avec Tashia? Son Ascension, c’est ça?
– Oui, l’ascension. Alors qu’elle se dirigea vers une forêt pour y laisser ses souvenirs, elle a confronté un obstacle plutôt… étrange? Bref, elle en était environ à la moitié de son trajet, aux montagnes, oui. Oui, les montagnes. Et elle était dans un temple. Elle rentre et de l’autre côté il y a quelqu’un qui rentre aussi, qui lui ressemble. Ils sont pratiquement identiques, oui. Un miroir, elle doit se battre contre son soi-même, oui, mais son mauvais côté.
– En gros, je dois me battre contre mon ego? C’est ça?
– Oui, pour complété ton ascension, oui.
– Ah, mais je ne suis pas obligé, à ce que je sache?
– Non, tu vas boire, oui.
bouche, et pour bien finir, le tiuk dont je considérais comme étant mon samaritain a versé la substance dans le fond de ma gorge. Je ne savais aucunement comment réagir alors j’ai bu, et j’ai bu, puisque mourir noyé n’était pas dans mes choix considérés. Savez-vous qu’une seule cuillère à thé de liquide dans nos poumons est assez pour dormir éternellement? Une petite remarque qui m’a survolé l’esprit: Ils ne me semblaient avoir aucune mauvaise intention, tel un maître qui pousse ses apprentis à extraire leurs talents cachés, alors je me suis laissé faire, j’ai bu, j’ai bu et j’ai bu.
Tout tourna autour de moi. La forêt perd sa saturation, le camp tiuk et les Tiuks eux-même se dissipaient alors qu’ils se métamorphosèrent en masse de couleurs qui tournoya autour de moi. Le soleil réapparut pour se rendre un peu plus haut avant d’atteindre le crépuscule tout en tassant les nuages pour dominer l’atmosphère. Une urge de m’asseoir me submergea, et alors que je mets mes mains sur le sol, celles-ci sont en contact avec de la roche froide et un poids foudroyant me tira sur les épaules. Et maintenant j’ai un sac à dos, super. Des chuchotements me traversèrent l’esprit, tels des déjà-vu de conversation antérieurs, m’éclaircissant sur mon ‘’expédition’’. Je me lève et je randonne le chemin que je pense être en train de suivre. Je sais que je me dirige vers une forêt, c’est le seul flashback auquel j’ai de concret pour l’instant. Tout devient plus clair après chaque pas que je fais, alors je devrais être correct après quelque temps.
Maintenant tout est plus clair dans ma tête. Il y a déjà quelques semaines que j’ai commencé mon trajet et je peux voir mon objectif au loin, une forêt, et c’est clairement la bonne. Ce n’est pas si évident de tracer un chemin au travers de ces montagnes. Parfois je me croirais dans un autre monde tellement que l’environnement qui m’entoure me semble inconnu. Tant de falaises, tant de rochers à formes étranges et tant d’aménagements étranges, telles que des sentiers, des colonnes et des temples au beau milieu de nulle part, sans compter un seul signe de vie.
En scrutant les parages, il n’y a pas de chemins possibles autres que les trajets creusés au cœur des montagnes. Après un chemin éternellement long à longer un ravin, j’arrive finalement en face d’un monolithe qui m’impose deux chemins. J’ai soit la possibilité de tourner à droite pour suivre un chemin qui traverse une façade cachée d’un massif rocher, ou bien de prendre la gauche pour suivre un chemin montant en altitude à travers une falaise qui mène directement vers une masse de colonne qui semble composer un sanctuaire. Le choix étant évident, je trace mon trajet vers la gauche, celui qui semble être le plus intrigant.
Il y avait une fraîcheur se condensant dans l’air au fur et à mesure que je me rapproche de ce sanctuaire. Les marches semblent paradoxalement neuves tout en ayant l’allure de dater d’un ancien millénaire. Encore une dizaine de marches, puis un coin tournant, et me voilà dans ce sanctuaire, artéfact témoignant l’existence d’une civilisation disparue, maintenant oublié.
Alors que je rentre en ce lieu, ma curiosité me force à balayer ce lieu du regard en inspectant tous les recoins de droit à gauche, puis de gauche à droite. Je ne suis jamais senti pour autant familier avec un endroit tout comme celui-ci. Puis mon champ d’intérêt figea tout droit en face de moi, où je vis une autre entité qui me dévisagea pour autant que je le dévisage.
Je ne pus point décortiquer ce qu’il veut, alors j’avance lentement. Mon pied gauche d’abord, et son pied droit fit le même mouvement. Je penche vers ma droite, il penche vers sa gauche. Je ne sais pas quoi faire et je ne sais surtout pas ce qu’il veut. Je suis pour autant perplexe que je suis terrorisé, ses mouvements ne sont aucunement réfléchis. Si je dois continuer mon chemin, il faut que je l’affronte, mais comment peut-on se débarrasser de son alter ego aussi facilement?
Ne sachant pas quoi faire, je scrute les alentours en cherchant un indice, ou quoi que ce soit qui pourrait m’aider. Mon dernier réflexe est de taponner mes pantalons jusqu’à ce que je touche un petit trousseau de cuir. Je l’ouvre et je prends ce qu’il y a à l’intérieur. C’est alors que je me retrouve avec un bout de métal froid emprisonné sous la poigne de ma main. Alors que je tâte l’objet, je crois avoir accroché un bouton puisqu’un cliquetis se fît entendre et une lame sortie de ce qu’il semble être le manche.
Je regarde le couteau, et je l’observe. Un sentiment d’attachement m’envahit pour cet objet qui me semble nouveau, comme un outil que l’on garde près de nous pour se débarrasser d’un problème qui traîne sur notre conscience depuis l’âge de raison, sans avoir pris le temps de faire le lien entre le couteau et son utilité.
Je pouvais voir l’entité avec sa main levée, sans rien tenir alors j’ai compris ce que je devais faire. Je lance le couteau à ses pieds, et il fit la même action, sans rien lancer. J’essaye donc de mimer le mouvement qu’il doit faire pour prendre l’arme à ses pieds. Un peu plus à gauche… non, trop à droite. Encore un peu, un peu plus proche et ça y est. Je serre ma poigne et je lève mon bras, tout en regardant l’entité lever son bras de même, tout en tenant fermement mon couteau. Je regarde ma main, je regarde ma poitrine et j’observe ma main se rapprocher de mon cœur. Je jette un regard sur mon antagoniste et je le vois avec la lame du couteau au travers de sa cage thoracique. Alors que son corps tombe telle une roche, ma conscience s’allégit au moment où le corps tombe sur le sol.
Une urge de pleurer m’envahit alors que le corps tombe en poussière pour finalement s’envoler en suivant les courants d’airs. J’ai l’impression d’avoir laissé une partie de ma personne derrière moi, un quelque chose qui définissait ma personne, qui j’étais. Et pourtant ce quelque chose était lourd, pire qu’un boulet attaché à sa cheville. Mais sans ce boulet, j’ai l’impression d’avoir la conscience libre. Le bon samaritain avait raison, c’est l’ego qui pèse sur ma conscience. Suite au bouleversement émotionnel, j’avance. Avant de quitter le temple, je regarde pour une dernière fois derrière moi, et il n’y reste que le couteau par terre. En descendant les marches, je pouvais voir la forêt au loin. Les teintes de couleurs autour de moi ont commencé à se dissiper, et le paysage commence à tournoyer. Est-il si difficile de se débarrasser du négatif qui pèse lourd sur notre conscience? Est-ce que l’on vivrait dans un monde meilleur si chaque individu recherche le meilleur de soi face à lui-même? Et pourtant je ne trouverai pas mes réponses d’ici demain, mais je peux toujours faire ma part et si chaque personne faisait la sienne, je suis certain que l’on vivrait dans un monde meilleur.