Le 23 juillet 2…
Je suis rendue à la fin de mon carnet. Je n’en ai pas d’autres, mais je n’en ai plus besoin. Je quitte la communauté pour de bon. Pendant ce mois, j’y ai appris de nouvelles connaissances, me suis adonnée à sa culture, à sa manière de penser, ai participé dans ses assemblées. J’ai fait des rencontres parfois surprenantes, parfois enrichissantes, que je n’oublierai jamais. Yonah restera à jamais gravée dans mon coeur. Je l’ai serrée une dernière fois dans mes bras, mais je n’aurais pas dû. Je déteste les adieux. Cependant, je dois partir. Trop de questions laissées sans réponse. Peut-être que dans l’inconnu et la soif du renouveau, je saurais leur donner une réponse claire. Mais au moment où je franchis la frontière délimitant le territoire de cette belle communauté verte et coopérative, je ressens un besoin urgent de me retrouver dans la nature. La vraie. Et vite.
Ce n’est qu’une note rapide que je griffonne dans une marge, mais la forêt des souvenirs a brûlé. C’est étrange, une forêt au coeur du collectif de nombreuses communautés à travers le continent, maintenant réduite en cendres. Feu de bois organisé et à la fois improvisé. Mes yeux me piquent, je les frotte rigoureusement. Je crois bien qu’ils sont mouillés. C’est sûrement à cause de la fumée, mais l’est-ce vraiment?
…
Les gens présents à cette célébration rient et dansent autour des flammes, comme si un poids s’enlevait de leurs épaules. Je pleure sans le vouloir, mais je ressens cette même liberté à travers mes larmes. En observant mieux les arbres, j’arrive déjà à percevoir des touffes vertes au sol. C’est pour cette jeune forêt que nous allons-
vivre à présent. Notre forêt de l’espoir.