Il jeta un coup d’oeil par la fenêtre. 37h65. C’était l’heure de l’Assemblée citoyenne. Il aurait dû y aller. À la place, il avait passer la journée à la mémoire Collective. Il se préoccupait de la destruction de Kanaka, la planète à côté de Nibbana. Personne d’autre ne le savait. Il avait dû fouiller pendant des heures, se documenter auprès du Savanah (l’arbre des souvenirs) et ressortir de vieux journaux, pour connaître l’existence de cette planète qui serait détruite dans quelques heures à peine. Alors que tous étaient à Impérium, à décider si les jeunes de la graduation 2295-2296 allaient devenir agriculteurs ou architectes pendant leur 2 années de travail obligatoire, lui, essayait de sauver le peu de monde qui restait. Sélection naturelle, le reste des mondes avaient été détruits, un par un. Détruits par leur cupidité, détruits par leurs propres systèmes politique et financier. C’est pourquoi Fulkomin était la seule citée à être restée. Le monde idéal, une illusion, l’univers utopique. Une civilisation qui gardait souvenir de toutes celles disparues. Une civilisation où tout le monde était frères, où la vraie liberté régnait. 37h82. Ils avaient tous votés. La promotion fraîchement diplômée de l’école de la vie serait architecte. La démocratie avait parlée, le sort était jeté. Alors que tous fêtaient cet événement, il comptait les secondes avant le grand Boum. Dehors les gens riaient, mangeaient et partageaient toutes leurs ressources mises en commun, il ferma son rideau d’un lent mouvement de main. 37h99. Plus qu’une minute avant la destruction. 38h00. Il s’allongea sur son lit, pendant qu’un vieil homme donna son dernier morceau de pain à une jeune fille. 38h01. Il eut 61 ans.
Il avait toujours été le mouton noir de la ville. Depuis son plus jeune âge, il refusait de se conformer au système qui, graduellement, changeait. Depuis ses 10 ans, il avait vu le monde se détruire, pour se reconstruire. Tout ce qui avait trait à la Grande Transformation l’avait toujours fasciné. Il se documentait tout le temps aux mémentos de la Mémoire Collective. Quelques mois après la destruction des autres mondes, pour ses 11 ans, une envie soudaine lui avait prise ; voyager. Et à son seizième Noël, il entreprit le tour des Ohuru, les nouvelles cités qui se construisaient, petit à petit. Armé de son sac à dos rempli de souvenirs et de savoirs, il parcourut le monde, et s’assoyait avec le peuple. Assis avec des gens, comme lui, qui voulait changer les choses, changer les mentalités ; changer le monde. Ils se racontaient leurs histoires communes, comment leur cité avait survécue à la Transition, comment eux, enfants du changement, pouvaient grandir. Il visita en tout 23 cités. Il arriva un matin, érudit des autres cultures. Il s’arrêta devant la Mémoire et demanda le gardien. << J’ai voyagé par delà les horizons, j’ai vu des souffrances, j’ai vu des miracles. Je sais comment faire pour que Fulkomin soit la meilleure cité possible. J’ai trouvé. >>