Déjà plusieurs mois sont passés dans ce monde utopique. Je me plais tout autant qu’au départ… Cependant, quelques difficultés d’adaptation ce sont hissé sur mon chemin d’habitante à part entière de ce merveilleux monde. Personne ici ne me comprend réellement, ou c’est plutôt moi qui souffre d’aliénation sévère.
Ces derniers jours, j’ai compris que mon rapport au corps n’était pas le même que celui qu’entretiennent les habitants d’Utropita. Ils sont tous si sur et en confiance dans leur corps. Je croyais que vivre ici et adopter leur mode de vie allait être simple, sans trop d’embuche. Et pourtant, je souffre de tant de complexes physiques, me demande ce que je pourrais changer ou améliorer sur mon corps. Les transiterriens n’ont pas réellement de modèle de beauté. La beauté est bel et bien dans l’œil de celui qui la regarde ici. Je n’arrive pas à sortir ses modèles de beauté occidentaux, ses normes à suivre et à respecter. J’essaye de me convaincre que la vision, le rapport au corps et la beauté ne sont plus les même où je vis désormais, mais c’est un si changement qu’il est plutôt complexe et lent pour moi de m’y faire.
Plusieurs questions qui me chicotaient lorsque j’étais à Montréal me dérangent beaucoup plus maintenant, voyant que personne d’autre ne vis avec les mêmes modèles et idéaux de beauté que moi et que personne d’autre n’est confronté à cette pression qu’est l’adaptation rapide à un monde qui contredis l’intégralité des croyances et idéaux de la société dans laquelle j’ai grandi et pris part… Le principal questionnement qui me revient sans cesse ces derniers temps c’est: comment peut-on ramener à l’individu le traitement de son corps en faisant fi des pressions extérieures (et intérieurs) lorsque nous avons été élevé ainsi dans une société ?