« L’absurde naît de la confrontation de l’appel humain avec le silence déraisonnable du monde »
- Camus, 1942
La vacuité occasionnelle de certains discours, les passions palpables qui peuvent en ériger, l’opiniâtrie de certaines opinions à demeurer immuables face à la raison, comme les pensées fières, soutenues, raisonnables et adossées à des idéaux philosophiques assimilés, les humbles remarques de sentiments nécessaires, les façonnements intellectuels mutuels ont pu s’entendre et faire échos tout au long de l’effort d’édification de notre utopie cette session. Par ailleurs, à mes yeux, grâce à un recul des plus nécessaire – ce qui peut peut-être en justifier le retard – ces composantes de la classe n’ont que pu réverbérer ou encore se perdre face « au silence déraisonnable du monde ». Toutes ces idées appelaient à une raison qui leur était propre, permettant de faire cheminer, faire niveler notre projet quintessentiel de notre utopie. Mais toutes sont paradoxalement dénuées de sens si elles ne se savent pas elles-mêmes absurdes.
J’ai également réalisé une chose au travers des épisodes du développement utopique, que les tentatives d’instrumentaliser un univers au profit de l’humain seraient vaines si la fameuse transition ne se faisait pas plus en deçà qu’au-delà de l’humain. « Les grandes révolutions sont toujours métaphysiques », dit justement Camus, dans son œuvre duquel je puise visiblement une inspiration existentielle. Cela revient à la critique nietzschéenne de l’idéal et du marxisme, comme quoi l’emballement par rapport au futur et au passé, c’est manquer, nier le présent, être carencer de sagesse, comme le culte du paradis ou l’aspiration obstinée à un mouvement communiste marxiste – car le communisme est avant l’instauration d’un monde meilleur –, et j’en fais le parallèle avec notre exercice. L’effort de transition utopique, d’imagination d’un monde meilleur, s’ouvrir le crâne à l’élaborer peut toutefois être vulnérant à notre sagesse, ou au bien-être de notre subconsient si l’on peut l’imaginer ainsi. Selon moi, l’utopie se doit de provenir de l’intérieur par l’amor fati.
L’utopie, c’est un monde ailleurs, un monde inexistant qui peut agir comme point d’horizon à ceux qui s’hasardent ou s’évertuent à l’idéaliser.
L’expérience est plus que difficile, c’en est ineffable. Par ailleurs, grâce encore au recul, j’ai pu me terrer, comme je l’ai souvent fait, dans des souterrains – comme ceux de Dostoïevski – de la réflexion, et me rappeler l’absurdité du monde, du silence déraisonnable du monde, lorsqu’on comprend la représentation du monde, mais pas sa volonté (Petit clin d’œil, Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation). Encore, celui qui se penche, s’hasarde à esquisser une utopie, je lui souhaite d’avoir une main d’artisan, une main d’artiste, une tête de génie, et un cœur pas trop vide, et pas trop plein, car je pense que l’on a plus créer un monde différent et onirique qu’utopique, sans en être déçu par contre.
L’expérience m’a permis de corréler notre utopie à la réalité : notre devoir diplomatique et d’entraide institutionnelle qu’incarne l’assemblée, l’essentiel du devoir mémoriel qu’illustre le clivage au sujet du maintien de la forêt des souvenirs, le multiculturalisme, les idéaux philosophico-politiques qui se heurtent à d’autres, etc. Ce que j’en tire, c’est tout de même une réalisation que le bien collectif et le bien-être de soi vont main dans la main, et on le voit encore sur la scène politique comme au sein d’une famille. D’ailleurs, la semi-personnification de nos pensées par l’avatar nous incombait une quelconque relation avec les autres semi-personnifications idéales de nos collègues, c’était plus édifiant que si l’on ne s’adonnait qu’à de la théorie et de l’objectif. C’est d’ailleurs plus fidèle à la réalité, non?
En guise de synthèse, je te remercierai. Tout simplement. Donc, merci.
À la prochaine, je l’espère!
Absurdement,
Tinaoui