TRANSITERRE

Balises institutionnelles et valeurs sociales

*J’écris ce texte pour exprimer des constats que je fais face à d’autres textes qui, selon moi, ne s’agencent pas. En effet, je ne pense pas que la doctrine multiculturaliste que nous sommes entrain d’appliquer et celle de la démocratie directe du weltanschauung peuvent coordonner. Je trouve cependant que la pensée derrière le weltanschauung est bonne et mériterait de garder une place au sein de notre utopie. Pragmatiquement, je ne pense pas, à cause d’une nature intrinsèque de l’homme de toujours se ranger derrière son clan – ou sa culture dans ce cas-ci – que plusieurs « mondes » pourraient coexister sous le contrôle direct d’une forme quelconque de gouvernement central.

L’exemple du Canada serait le meilleur à donner ici : 10 provinces ayant des cultures différentes, et ainsi des recommandations différentes face au gouvernement fédéral – sans oublier les différentes communautés qui elles aussi revendiquent des choses à Ottawa – ce qui crée d’énormes tensions idéologiques et des mouvements souverainistes qui veulent se débarrasser de cette emprise.

Nous devrions plutôt se diriger vers l’idéaliser une société avec une grande cohésion sociale et une énorme fraternité. Selon moi, ces deux variables sont impératives pour le bon fonctionnement de notre démocratie.*

« Par Dieu, j’entends un être absolument infini, c’est-à-dire une substance consistant en une infinité d’attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie. »

  • Baruch Spinoza

Cette conception de Dieu a été émise par Spinoza dans sa toute dernière œuvre, l’Éthique. On peut en comprendre ce que l’on veut, mais c’est aujourd’hui celle que je priorise. Je pense que tout ce qui m’entoure a une explication logique. Les institutions en place le sont tout autant puisqu’elles suivent l’évolution rationnelle de l’animal social que nous sommes. Certes, le monde qui nous entoure est complexe, mais toutes ses composantes ont été créé par quelqu’un en quelque part. Ma croyance en Dieu ne se reflète que par une foi en l’humain et en son environnement – qui lui ne nous dérangera pas si nous lui faisons attention –.

L’histoire qui nous précède l’est tout autant. C’est-à-dire que la formation de la planète ne provient pas d’un être surnaturel comme plusieurs religions ont pu nous le faire croire, mais bien de la formation logique d’une planète à partir de poussières qui elles se sont connectées à la suite de ce que l’on a appelé plus tard, le Big Bang.

Je vis aujourd’hui à la suite de la Grande Transition. En l’an 2187. Selon la forêt des souvenirs, le monde que l’on connait aurait commencé à changer au début du 21e siècle, lorsque plusieurs jeunes humains de partout sur la Terre ont décidé de descendre dans les rues pour conscientiser leurs chefs de gouvernement face à la situation précaire que notre planète connaissait à cette époque. Cette initiative n’avait alors pas fonctionné puisque les gouvernements ont décidé de les ignorer. On parlait à cette époque d’une catastrophe naturelle qui ne pouvait qu’être contrôlée par une certaine élite politique.

La situation était précaire, et un changement de fonctionnement et d’habitudes de vie devait inévitablement se faire. Les 100 années qui ont précédé cet événement n’ont fait qu’augmenter les inégalités sociales et l’économie planétaire ne se contrôlait que par une centaine de personnes sur 8 milliards. Ne se faisant pas écoutés, les jeunes ont entrepris un grand ménage social provenant du bas – de ce qu’on nommait à l’époque la pyramide sociale –. Cette révolution fait table rase sur cette manière archaïque de fonctionner.

Ces années ont fait très mal à l’espèce humaine et laissent encore aujourd’hui énormément de séquelles psychologiques chez certains. Certaines communautés ont disparu. Le globe a changé de forme politique. La nature a pris le dessus sur les édifices représentant le pouvoir économique. Les communautés se ressemblant se sont retournées sur elles-mêmes pour vivre de la manière idéologique qu’ils voulaient. Certains systèmes ont duré quelques semaines, d’autres quelques mois mais du moment qu’une forme de pouvoir pointait son nez, la communauté se rebellait et se joignait à l’autre d’à côté ce qui a créé des sociétés.

Je me considère comme chanceux, je vis à une époque où tout cela est fini. Je remercie mes ancêtres des quatre dernières générations d’avoir causé et mené cette lutte avec corps et âme pour le principe simple d’ÉGALITÉ.  

À toutes les semaines, je suis la même routine. Je pratique cinq métrises différentes que j’ai appris au MAS (Milieu d’Apprentissage de la Société). Je devais, à l’âge de 17 ans, après mes années obligatoires à l’ÉCG (École des Connaissances Générales) et mon SAC (Service Agricole Conseillé), choisir entre quatre et six disciplines qui allaient plus tard devenir mes métrises, soit mes obligations, ou mon devoir envers mes concitoyens. À l’époque, j’en ai choisi cinq parmi les choix qui m’étaient offerts pour combler les postes devenus vacants par nos aînés, qui à l’âge exact de 60 ans, prennent leur retraite.

À l’âge de 20 ans, je devenais un citoyen en soit et on me donnait un logement quelconque où j’allais habiter soit pour le reste de mes jours dans une isolation totale, ou soit avec une conjointe (pour ma part) et ma future famille. Parlant de famille, pour pouvoir faire des enfants, il nous faut suivre un régime précis qui nous dicte à quel moment les faire puisque le nombre de nouveau-nés doit être équivalent d’années en années pour ainsi pouvoir continuer ce qu’on nomme le Cycle de Contributions Sociales. À chaque année, il faut donc qu’il y ait autant d’aînés pouvant prendre leur retraite que de nouveaux citoyens. Les personnes aînées, elles, déménagent dans une maison de retraite qui se situe à côté du MAS pour y enseigner leurs métrises aux plus jeunes. On met ainsi en application la philosophie d’Erik Erikson qui croit fortement en l’intergénérationnel.

Les plus doués à l’ÉCG se voient directement envoyés dans une autre école, l’ÉR (École de Recherche), pour ainsi étudier la société de fond en comble et y comprendre les fondements profonds. J’y suis allé aussi, pendant quelques mois, mais je n’ai pas aimé cela, et j’ai quitté pour faire mon SAC qu’eux allaient faire plus tard, après leurs études de recherche.

Le principe primordial du bon fonctionnement de notre société est l’ÉGALITÉ et la FRATERNITÉ. La valeur de LIBERTÉ, autrefois défendue par l’homme avant la transition est aujourd’hui synonyme de dysfonction sociale. Nous gardons toujours ce principe de liberté de penser et d’écrire, mais nous ne voyons aucun avantage à la liberté économique et d’action.

Tout ce qui est produit par ma société se trouve à être la propriété de ma société, qui elle, est régie par nous, citoyens.  Notre fonctionnement politique est défini par le système du weltanschauung .

En bref, notre fondement est simple : nous faisons tout pour l’autre qui nous rendra certainement l’appareil puisque tout le monde agit de la sorte.

*Certaines institutions seront à repenser/retravailler, les prochains textes en traiteront.*

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1 Comment

  1. Grâce à ton texte, j’ai une idée plus claire et concrète du parcours de vie typique d’un membre de votre utopie, c’est génial et très bien développé! Pourtant, je me demande s’il n’est pas dystopique, plutôt qu’utopique, de mettre un frein à la liberté d’action. Une liberté de pensée et d’expression est-elle réellement complète si la liberté d’action est absente? Comment se sentir véritablement maître de soi et de son corps si les naissances sont à ce point régulées?
    Bonne continuation! 🙂

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