Serait-ce possible, dans un monde utopique très éloigné du mien, d’être capable d’avoir accès aux souvenirs des autres et d’en ressentir tous les effets, autant physique que psychologique, afin d’apprendre de leurs erreurs et de leurs réussites?
Serait-ce possible, dans ce même monde utopique, d’être capable de se soigner, sans effets secondaires néfastes à notre santé?
Serait-ce possible, finalement, d’arriver à ce que toutes classes sociales soient capables d’avoir accès à une alimentation saine, exempte de produits chimiques, bonne pour notre corps?
Ces quelques questions sont un exemple de ce qui traverse mon esprit ces derniers temps. Oui, car depuis déjà quelques mois, un mouvement transitoire se produit dans la population. De plus en plus de personnes, moi la première, de tous âges, tous sexes et de toutes nationalités confondues manifestent et saccagent les bâtiments des grandes entreprises pétrolières, alimentaires, biotechnologiques agricoles et bien d’autres encore.
Nous sommes enragés. Nous en avons vu assez. Surtout, nous en avons ras-le-bol qu’on nous prenne pour des imbéciles.
Plus jamais nous ne pardonnerons les dégâts du pétrole.
Plus jamais nous nous voilerons les yeux face à l’horreur qu’est l’industrie alimentaire.
Plus jamais nous ne risquerons notre santé en coopérant avec les entreprises du type Monsanto.
S’il me saurait possible, par un quelconque moyen, d’immortaliser ce moment afin que les générations futures, mes petits-enfants, arrières-petits-enfants et ceux-là même après eux, puissent avoir un aperçu du soulèvement qui a présentement lieu, je le ferais. Néanmoins, pour l’instant une telle technologie n’existe pas.
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Le temps a passé, changé.
La société a changé.
Nous y sommes arrivés.
Un monde nouveau s’est créé.
Mes rêves de révolutions et de changement se sont réalisés.
Il est maintenant possible, grâce au travail acharné de mes confrères et moi-même, de cultiver nos aliments sans dangers pour notre santé, de vivre sans détruire notre environnement, de déposer nos souvenirs les plus marquants dans des forêts de souvenirs.
Moi, Adélaïde De Larose, du haut de mes 98 ans, me dirige pour la première fois vers l’une de ces forêts de souvenirs pour y laisser ma version de l’histoire que fut le soulèvement du 28 octobre de l’an 2034.
C’est la naissance, hier, de mon arrière-petite-fille, Savannah, qui me pousse à entreprendre cette marche vers le boisé.
Ce désir de lui laisser une immortalisation du monde qui l’entoure aujourd’hui.
Ses débuts.
Ses racines.