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Vaterbaum

Herr Tabllionem,

Merci pour votre lettre. Cela faisait une éternité que je n’avais pas simplement pris le temps d’exister. J’ai décidé d’aller prendre une marche une fois la ville endormie. Votre mention d’arbre m’a rappelé ceux que nous faisions parfois pousser dans mon pays. Nous avons pris l’habitude de les appeler Vaterbaum.

J’ignorais que la ville en possédait un elle aussi. Probablement que vous ne les appelez pas comme ça par contre… Peut-être qu’Arbre-père serait plus exact? Chez moi, il est commun pour les gens de s’y rassembler pour y pique-niquer ou encore pour raviver leur lien avec le monde qui les entoure. Toute la journée, le parc autour de son tronc vibre de vie : des marchands installent leurs échoppes ambulantes ici et là, des artistes performent un peu partout et des garderies y viennent pour que les enfants puissent courir et s’amuser. Certaines villes permettent l’installation de bâtiments verts dans les branches de leur Vaterbaum, et c’est peu dire sur la taille qu’ils peuvent atteindre. Certains disent que c’est grâce à eux que les mégapoles d’autrefois sont parvenues à purifier le smog que nos ancêtres ont créé à force de tout brûler.

Il y a une légende, dans mon pays natal, selon laquelle chaque Arbre-père serait né d’une pousse du dernier arbre d’Amazonie, mais considérant le fait qu’ils semblent tous être d’une variété différente, j’ai du mal à y croire… N’empêche que c’est quand je suis à leur pied que j’ai le plus l’impression d’être à même de saisir l’Essence de tout, l’Interstice qui s’immisce entre chaque chose qui vit et qui respire, peut-être même entre celles qui ne sont plus.

Enfin, je radote.

Le Vaterbaum de la ville est magnifique. Le sol où je suis assis est un peu froid à cause de la bordée de neige qui est tombée au nord de la ville aujourd’hui, mais je parierais que son tronc, contre lequel je suis appuyé, pulse d’une douce chaleur dans mon dos. Je pense que je vais peut-être réussir à finir cette introduction pour mon mémoire ce soir.

Amitié,

Aloys

ps: si l’occasion se présente, peut-être que je ressortirai mes vieux fusains et vous enverrai un dessin, qui sait?

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