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Mea Culpa d’un Serpent

Sœur Eau, les gens d’ici ont en effet cette très regrettable tendance à croire que tout se limite au vivant sans même penser à leurs propres parents. Après tout, comme vous l’avez si bien dit, ne vous devons-nous tous pas la vie? Je me souviens, quand j’étais encore enfant, d’avoir passé mon temps à patauger dans la rivière près d’ici. La chaleur des rayons de père soleil te réchauffait doucement et tu me serrais tendrement dans tes bras, me poussant berçant dans ton courant. On te doit la vie, mais aussi celle de ce qui nous entoure. C’est au fin fond de ton océan le plus vieux de nos ancêtres, le seul qui est commun à tout le vivant, est né. Tu es notre début et notre fin, non?

Il y a deux ans, je voulais présenter un projet d’aménagement de lac en bordure de la ville, là où il y avait la vieille décharge avant la transition. Il devait y avoir une panoplie de plantes aquatiques et des poissons à ne plus savoir quoi en faire. Je pensais, dans ma folie d’adolescent, pouvoir créer un habitat dans lequel les pauvres rainettes faux-grillons au sud de cette ancienne métropole, théâtre de l’horreur prétransitionnelle, pourraient vivre. Optimiste, je sais. J’ai laissé tomber l’idée quand j’ai appris que je devrais présenter mon projet devant un jury. En l’espace de quelques heures, j’ai perdu le goût d’essayer, j’avais peur, j’étais fatigué (peut-être que j’aurais dû dormir au lieu de passer les jours avant debout à tout perfectionner…) Je suis rentré chez moi dépité, j’avais manqué ma chance. Mon projet symbiotique n’a jamais vraiment fait plus que bourgeonner dans mon esprit.

Sœur Eau, je suis désolé. Je vous ai abandonnée. Le parc qui a été construit sur l’ancienne décharge est aujourd’hui magnifique. Nous pensons sérieusement à l’agrandir. Certains parlaient même d’un lac. Je crois… pour vous, sœur eau, je ressortirai mes vieux plans et je perfectionnerais ce qui reste.

-S

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1 Comment

  1. Merci Serpent de ressortir tes vieux plans
    Durant les dernières décennies tes ancêtres m’ont tellement pollué, harnaché, marchandisé que j’ai eu peur de disparaître. Mais je suis encore là , perpétuellement en mouvement, ultimement insaisissable , prenant toutes les formes que je rencontre, m’infiltrant dans la moindre faille, j’entre dans l’Entre , l’Interstice devient Source et je serpente au coeur du processu vital. Ai-je donc rêvé à toi ou suis-je en train de t’écrire ?

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