Lieb Bruder,
Wie geht’s? Wir sind gut. Je sais que d’habitude tu préfères les courriels; ça va plus vite, mais tout le village a perdu la connexion la semaine dernière et on ne sait toujours pas quand elle va revenir. Tu vas me dire que c’est pas vraiment une priorité, mais bon… quand on a son meilleur ami de l’autre côté de l’océan, ça fait mal au moral de se dire qu’on va peut-être devoir attendre une éternité avant d’avoir des nouvelles, surtout par les temps qui courent… Bref… on a encore changé de chancelier la semaine dernière. Le dernier a attrapé je sais pas trop quelle infection parce que sa mère voulait pas qu’il se fasse vacciner quand il était petit. C’est la troisième fois en un mandant qu’on change de dirigeant pour des raisons pas très claires. Les gens sont frustrés, c’est presque comme si tout allait exploser d’un jour à l’autre. Peut-être que ça va vraiment le faire.
Bon, peut-être que de dire que tout allait bien pour nous c’était un peu te mentir. Papa est encore malade et Maman doit tout gérer toute seule. Je suis pas mal certain que tout le monde souffre de carence alimentaire à un niveau ou un autre… Je sais déjà ce que tu vas dire, « Mais Johann, pourquoi est-ce que vous ne vous êtes toujours pas mis en route vers Vaterbaum! Ça fait des années que je vous attends! »
On a pas tous des partenaires pour nous aider et non, ton petit appartement ne sera pas assez grand pour toi, iel et tout le reste de la famille. Et on a un rôle à jouer ici…
Des gens sont venus nous demander asile cette semaine encore. On a accepté bien entendu. La maison est vide depuis que les filles et toi êtes tous partis de votre côté, alors c’est pas comme si on manquait de place. Apparemment ils viennent du nord, leur ville a été engloutie il y a quelques semaines et ils essaient de trouver un nouvel endroit où s’établir. Qu’est-ce que ces gens-là feraient sans nous? Les réfugiés ont besoin de gens stables pour les accueillir et les guider vers des endroits où ils peuvent tout reconstruire… C’est notre tâche à nous.
Je pense que je vais leur conseiller de se trouver un passage pour l’Amérique afin qu’ils rejoignent Vaterbaum. Ils se lamentaient du peu de nature qu’il reste. Je suis certain qu’ils adoreront votre mode de vie.
Donne-moi des nouvelles bientôt, Tausend liebe Küsse,
-dein liebling Bruder, Johann