TRANSITERRE

Mythologie inopinée et robotique

Onze trente-deuxièmes de cercle.

            Si le système employé pour les jours me semble toujours aussi absurde, j’ai tout de même réussi à dégager certaines pistes quant au mode de vie des Stijeniens. Le quotidien des habitants est grandement facilité par des êtres robotiques. Ces derniers se sont vus attribués le gentilé Predao-K-amen[i], ou quelque chose qui s’en rapproche phonétiquement. Ce sont des machines capables de combler les lacunes des différents individus de la Cité. D’après ce que m’a confié Broc’h, l’État qui était autrefois érigé en terre de Stijenia a investi massivement dans la conception de ses robots pour palier à l’individualisme de ses habitants, mais personne n’a voulu les utiliser, car la confiance envers les institutions était presque inexistante à cette époque. Les robots ont été repris par les pionniers pour faciliter la transition vers une société plus vertueuse. Relativement imposants et arborant une flamboyante crinière argentée, ses robots à l’apparence identique seraient inspirés d’une personne ayant possédé une connaissance et une sagesse immenses. Cet aspect mythologique m’a énormément surpris. Broc’h m’a raconté que les enfants recevaient leur éducation par ces robots, qui s’adaptent à leurs niveaux et leurs difficultés. Un enfant n’a qu’à mettre le robot en mode « péripatéticien » et il lui fera la leçon tout en se promenant dans des paysages champêtres. Les robots sont admis partout sauf à la Vizije zveta, car ils risquent d’y déranger la méditation.

Sur le dos de ces machines anthropomorphiques est écrit quelque chose qui s’apparente à un haïku. Il semble que cette société ait un important passé multiculturel, ce qui expliquerait ce métissage inattendu.

Udahnite život

Ali bez pušenja

I više znanja

Lorsque j’ai demandé à Broc’h d’où il tenait ses informations, il m’a parlé d’un arbre de la connaissance. J’enquêterai là-dessus lors des prochains jours.


[i] Le jeu de polysémie ici présent est particulièrement complexe :

  • Pre : qui précède
  • Dao : sorte d’épée – début de Dahomey, l’ancien nom du Bénin – bénin = indulgence
  • K : Kilo en signal radio – poids, qui pèse – mais aussi symbole du kelvin et donc du zéro absolu
  • Amen : qui finit les prières et peut signifier « vérité »

Il précède le début de l’indulgence par ce qui pesait sur toutes les vérités

Il était là avant que tout ce qui contrôlait le quotidien ne redevienne vertueux

Il s’agit probablement d’un intéressant glissement sémantique, mais je ne suis pas linguiste.

Raw/Don.

Share Button

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *