TRANSITERRE

Entrée #2

Le 5 juillet 2…

« Salut. Tu regardes ce que je suis en train de faire? »

Elle se cache immédiatement derrière les jambes de sa mère. Je souris. Elle est tellement adorable.

Je viens à peine de m’installer dans cette communauté aux abords de la forêt des souvenirs que ses habitants m’accueillent déjà avec beaucoup de générosité. C’est en suivant les oiseaux que je suis arrivée ici. Ce pourrait-il qu’ils m’aient conduite à la rencontre de ce matin avec la petite Yonah?

Je m’approche d’elle doucement, lui tendant la main.

« Viens. N’aie pas peur. Tu aimes jardiner aussi? »

Elle hoche la tête, mais ne bronche pas. Je décide de la laisser tranquille lorsqu’elle vient à ma rencontre d’un pas incertain, poussée par sa mère à venir me rejoindre. J’apprends leurs techniques de jardinage, comment ces habitants en harmonie avec la nature réussissent à ne dépendre que de leurs propres récoltes malgré la technologie avancée qui les entoure, comme des robots qu’ils ont minutieusement mis au point et qui les aident avec les tâches plus difficiles à effectuer. Je veux tout apprendre de leur culture et savoir-faire. Ces gens d’une telle sagesse se gouvernent par une assemblée de weltanschauung, une assemblée du peuple philosophique et méditative. Un jour, lorsque je comprendrais mieux leur culture fascinante, j’aimerais bien assister à une de leurs séances.

Yonah joue dans la terre à côté de moi. Je commence peu à peu à l’introduire aux principes d’agriculture que sa population a mis en place, mais le pollen d’un pissenlit parti au vent capte son attention, ce qui la fait bondir et courir en direction des flocons cotonneux.

« Yonah, attends! »

Je fonce après elle, ayant peur qu’elle se perde dans la forêt avoisinant les installations de sa communauté. Je la rattrape à temps. Elle court vite!

Juste au moment de retourner sur mes pas, je remarque un dispositif circulaire à la hauteur de mes hanches bien ancré dans le sol. Curieuse, je touche son écran, et une multitude de couleurs en sortent, s’agençant et se superposant jusqu’à former une ville aux allures vibrantes, grandeur nature, sous nos yeux ébahis. Je ne pense pas que Yonah connaisse cet appareil, car elle a l’air plus éblouie que moi par cette technologie holographique, je suppose. Des bulles de texte apparaissent dans le vide, des personnes virtuelles se promènent comme si de rien n’était sur des rues qui n’existent pas. Je commence à lire. Les bulles racontent l’histoire d’une ancienne ville qui a, de nos jours, complètement disparu sous la végétation. Elles nous énumèrent les raisons pour lesquelles les gens ont délaissé une aussi grande ville, comme je n’en ai jamais vue.

« Les mémoires collectives », Yonah murmure, les yeux fixés au spectacle holographique quotidien du passé. « Maman m’en a parlé une fois. »

On est restées les deux, la bouche ouverte, à contempler ce dispositif incroyable, gardien de notre passé, pendant un long moment.

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